Informe Affaires - Édition Avril 2017 - page 16

16 • AVRIL 2017 •
INFORME AFFAIRES,
Le MENSUEL
économique d’ici
C’était la Journée internationale des fo-
rêts le 21 mars dernier, un bon moment
pour parler des bienfaits des arbres
pour la population et pour l’environne-
ment. Cela nous change des discours
apocalyptiques qu’on nous présente
dans les médias, qui affirment que la
forêt du Québec, surtout la forêt bo-
réale, n’est pas aménagée de manière
soutenable et qu’elle serait même me-
nacée de destruction. Ces propos sont
bien souvent exagérés et partiels. Rap-
pelons-le : au Québec, la disparition
des forêts est beaucoup plus due aux
développements immobiliers et aux in-
frastructures pour les desservir qu’à la
coupe de bois.
En tant qu’ingénieur forestier d’expé-
rience, jamais je ne prétendrai que nos
interventions n’ont pas d’impacts sur
les écosystèmes forestiers. Mais les
personnes attachées au milieu fores-
tier qui étudient, enseignent, planifient
et opèrent en forêt font tout pour mini-
miser ces impacts.
« Pourquoi la coupez-vous si vous l’ai-
mez tant ? » Parce que le bois est un
matériau naturel, renouvelable, avec
une faible empreinte écologique et qui
peut souvent remplacer le béton et
l’acier. Bien sûr, on ne fait pas de pro-
duits en bois sans couper d’arbres.
Mais contrairement à ce que certains
peuvent laisser croire, on ne fait pas
ce qu’on veut en forêt. Il y a de nom-
breuses lois, des règlements et de mul-
tiples normes à respecter.
On nous dit que la coupe de bois est
la seule préoccupation, que les autres
utilisateurs de la forêt n’ont pas droit au
chapitre. Il faut savoir que les acteurs
du milieu participent à la planification
des travaux en forêt. Il s’agit d’ailleurs
d’une obligation légale.
Parmi ces acteurs, on retrouve plusieurs
organisations dont les principales pré-
occupations sont l’environnement, la
faune, le paysage, la villégiature, etc.
Avec l’aide d’ingénieurs forestiers et
d’autres professionnels, tout ce beau
monde est à pied d’œuvre pour trouver
des compromis, répondre aux attentes,
minimiser les impacts et assurer la pé-
rennité des écosystèmes forestiers.
En fréquentant la forêt pour la récréa-
tion, les loisirs, le ressourcement, les
Québécois participent aussi, peut-être
sans le savoir, à faire évoluer la foreste-
rie québécoise et à mettre au défi tous
les professionnels de la forêt. C’est un
travail difficile, quotidien, qui passe par
un long processus d’analyse et de pla-
nification et une supervision serrée des
opérations.
On nous dit que les pratiques fores-
tières ne respectent pas suffisamment
la biodiversité. L’aménagement éco-
systémique est pourtant un principe
fondateur du régime forestier entré en
vigueur au printemps 2013. Cela fait
que nous pratiquons une sylviculture
de plus en plus écologique : davan-
tage de coupes partielles, de vieilles
forêts, d’arbres morts pour la faune, de
refuges biologiques protégés, et j’en
passe.
C’est pour tenir compte de tous ces
facteurs que la coupe annuelle de bois
a diminué d’un peu plus de 40 % de-
puis 25 ans.
Comme tous les Québécois, nous
sommes profondément attachés à la
forêt. Nous avons le souci de nous
améliorer et de rester à l’écoute des
attentes de la population. C’est ici
que l’Ordre des ingénieurs forestiers
du Québec a un rôle à jouer : celui de
s’assurer de la compétence et de la for-
mation continue de ses membres dans
le but de protéger le public et le patri-
moine forestier québécois. Et bien que
les discours alarmistes contribuent par-
fois à la nécessaire remise en question
de nos procédés, ils entraînent souvent
des débats et des combats stériles et
coûteux.
Cessons les propos enflammés qui ne
servent qu’à nous monter les uns contre
les autres et à mettre en péril un des
secteurs économiques les plus névral-
giques du Québec. Il est grand temps
qu’on reconnaisse les progrès indé-
niables de nos pratiques forestières.
Nous souhaitons que la forêt soit le mo-
teur d’une économie verte et prospère
et nous possédons ce qu’il faut pour le
faire. Ayons confiance en nos profes-
sionnels de la forêt et, par-dessus tout,
travaillons ensemble.
OPINION: Profondément attachés à la forêt
Les personnes qui travaillent en milieu
forestier font tout pour minimiser les impacts
310R04-16
702D04-17
François Laliberté, président de l’Ordre des
ingénieurs forestiers du Québec.
(Photo: Courtoisie)
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