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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le studio de jeux vidéo Deuzspark Technologies développe un concept innovant à destination des entreprises industrielles. La startup saguenéenne utilise son expérience en jeux vidéo afin de créer des solutions de simulation avancées destinées, notamment, à la formation à l’ère du 4.0.

Il s’agit d’un virage stratégique pour l’entreprise, qui recentre ses activités autour de ce domaine. Les jeux vidéo seront quant à eux regroupés au sein de sa division Deuzspark Games. « Il fallait trouver des façons de se financer pour éviter de devoir empiéter sur notre vision. En faisant ce pivot, nous pensons générer les leviers qui vont nous permettre de croître », indique Vincent Roy, président-directeur général de Deuzspark Technologies.

Celui-ci explique que les simulations destinées au milieu industriel représentent une avenue très intéressante pour son organisation. « Il y a vraiment des opportunités. Même du côté de la concurrence, il n’y a pas grand-chose qui ressemble à ce que nous proposons », affirme-t-il.

Aller plus loin

Le modèle développé par la jeune pousse saguenéenne rassemble les prouesses technologiques du jeu vidéo pour les amener vers d’autres domaines. « On ne parle pas de dispositif de formation, mais bien de simulation. Nous sommes capables de reproduire réalistement certaines données ou des systèmes physiques ou mathématiques et de les mettre en place en temps réel. Il y a plein de possibilités. Ce qu’on fait, c’est accessible et puissant », explique M. Roy.

Les technologies utilisées par Deuzspark Technologies permettent, par exemple, de recréer un lieu, voire une région en entier. « Prenons le tracé du nouveau tronçon de l’autoroute 70. Nous aurions pu scanner le territoire avec des drones, refaire la route, faire des simulations du trafic basé sur des données réelles. Ça peut aller très loin », illustre l’entrepreneur, qui œuvre dans le domaine de l’ingénierie logicielle depuis 16 ans.

Formation par le jeu

L’utilisation du jeu vidéo pour la formation a pour but d’augmenter la rétention d’information. « Nous voulons rendre l’apprentissage ludique pour les travailleurs. Quand on fait de la simulation ou du jeu sérieux, on aide les gens à se concentrer et à se rappeler de l’expérience. Ça permet ultimement de réduire le temps de formation et de rendre nos clients plus attractifs pour la main-d’œuvre », mentionne Vincent Roy.

Deuzspark Technologies vient reprendre les éléments des jeux vidéo comme le design et l’inductivité, pour offrir un environnement de formation dynamique et immersif. « On peut aussi y créer du chaos. Par exemple, on peut avoir des opérateurs qui se pratiquent en coopération, en binôme. Pendant qu’ils font les actions avec le pont roulant, il arrive un événement qui n’était pas prévu et auquel ils doivent réagir. »

Par ailleurs, cet imprévu ne reviendrait pas systématiquement dans le scénario, il apparaîtrait de façon aléatoire. « Ça permet aux opérateurs de se préparer à des cas d’urgence ou critiques. C’est par l’habitude et la répétition qu’on vient créer l’automatisme pour réagir à ces situations », souligne le PDG.

Selon M. Roy, le système peut aussi offrir aux formateurs la récupération de données, notamment sur les erreurs faites par les utilisateurs. Il s’agit d’une option bénéfique pour adapter les formations. « Si une erreur revient fréquemment chez plusieurs personnes, ça nous indique qu’il y a possiblement quelque chose qui n’a pas été compris. On pourrait aussi réaliser qu’il y a vraiment un danger sur le plancher qui doit être réglé par l’organisation », conclut-il.

Deuzspark Technologies vise une croissance accélérée

SAGUENAY – La formation n’est que la première phase des projets de Deuzspark Technologies concernant le développement de solutions technologiques pour l’industrie. Avec ses systèmes uniques, l’entreprise entend se positionner comme un incontournable de l’écosystème et s’assurer une croissance accélérée.

Au cours des prochaines années, le président-directeur général de la firme, Vincent Roy, souhaite faire grandir rapidement son équipe, qui compte actuellement quatre personnes à temps plein, tout en demeurant implanté à Saguenay. Il prévoit atteindre la vingtaine d’employés d’ici la fin de 2024. « J’aimerais aller chercher de 100 à 200 salariés au cours des 10 prochaines années », lance-t-il.

Pour ce faire, Deuzspark Technologies mise sur ses technologies uniques et distinctives, ce qui lui ouvre beaucoup de portes dans l’écosystème industriel. L’entreprise incubée à l’Inkub Desjardins utilise notamment le Pixel Streaming, qui lui permet de créer une machine virtuelle dans le Cloud pour supporter ses simulations. Cette façon de faire retire la nécessité d’adapter le logiciel pour différentes plateformes et capacités d’appareils, diminuant ainsi les coûts pour les clients. De plus, en combinant sa technologie propriétaire avec le Pixel Streaming, l’entreprise est en mesure de réduire de 95 % les coûts d’hébergement infonuagique et de maintenance.

« C’est assez nouveau ce qu’on fait. L’infrastructure qu’on utilise pour soutenir nos technologies, on a trouvé des entreprises qui l’utilisent seulement dans le domaine de l’architecture. Il n’y en a pas dans le secteur de la formation », affirme M. Roy.

À l’avant-garde

Lastartup se base sur de nouvelles technologies, dont le Pixel Streaming, pour créer un rendu qui est exécuté sur un serveur. L’image est ensuite renvoyée au client directement. « Ça fait en sorte que le client n’a pas besoin d’avoir un équipement informatique qui supporte les besoins matériels de la simulation. Ça veut dire que sur n’importe quel appareil, que ce soit un téléphone, une tablette ou un ordinateur, on peut exécuter la simulation, sans que le client le ressente », indique M. Roy.

Cette machine virtuelle exécutée dans le Cloud va réagir comme un appareil réel. « Nous avons des latences sous la barre de une seconde, donc ce n’est même pas visible pour le client. [...] Ça n’aurait pas été possible avant. Quand on parle des technologies qui sont actuellement assez démocratisées, elles utilisent le navigateur du client, qui est déjà limité, pour faire les simulations 3D. Dans cette situation, on est aussi dépendant de la capacité de la machine du client, ce qui n’est pas notre cas », précise le PDG.

Deuxième phase

Grâce à ces mêmes infrastructures, l’équipe de Deuzspark Technologies oeuvre, dans une deuxième phase, au développement d’une plateforme technologique multiservices pour le milieu industriel. Celle-ci permettrait aux entreprises d’aller chercher différentes technologies qu’elles auraient difficilement pu obtenir autrement.

« Nous travaillons par exemple en ce moment sur un système de gestion de l’apprentissage (LMS) qui s’intégrera aux plateformes déjà en place
des clients. Nous avons aussi le système Avatar pour l’identification, l’authentification des utilisateurs. À long terme, nous aimerions que celui-ci devienne un système d’authentification global pour gérer les accès physiques et l’Internet des objets (IOT). On veut vraiment faire une base technologique avec ce projet », révèle Vincent Roy.

Réalité mixte

Deuzspark Technologies a également un projet en cours sur la réalité mixte. Baptisé Raywarp, celui-ci viendrait se positionner comme une troisième phase dans la croissance de la startup.Il vise la création d’un système de réalité mixte qui s’intégrerait à l’équipement de protection individuel des travailleurs sur le terrain.

« Nous voulons créer le matériel nous-mêmes. Ça permettrait à l’employé d’avoir une évaluation en temps réel des risques qui sont autour de lui, de pouvoir faire de la formation sur le plancher pour les opérateurs débutants et de contacter leur superviseur directement dans le système », explique M. Roy.

Celui-ci évalue le coût du développement du projet à environ 50 M$. Il souhaite aller chercher des partenaires, tant pour financer le projet que pour obtenir de l’expertise. Déjà, elle a suscité l’intérêt de Revenu Québec, de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord et du CQRDA. « Ça reste un projet qui est à l’étape de conception. [...] Les clients ne sont pas encore prêts à investir là-dedans. C’est un domaine très niché. Ça va prendre encore plusieurs années pour le développement », rappelle l’entrepreneur.

Deuzspark Games

La startup ne délaisse toutefois pas complètement les jeux vidéos. Sa division Deuzspark Games planche sur deux productions, qui sont actuellement en développement. L’équipe avait annoncé Wild Fur Friends, centré sur la famille et le plaisir de partager ensemble. Ce jeu avait suscité beaucoup d’intérêt, mais a été dérouté récemment.

Le studio se concentre maintenant sur un jeu d’horreur coopératif basé sur une histoire vraie du Québec. Ce système utiliserait l’intelligence artificielle pour analyser l’état de peur du joueur et s’y ajuster. Il intégrerait aussi des éléments historiques. « Nous avons de belles choses qui s’en viennent », conclut Vincent Roy.

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