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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – La pandémie a transformé le domaine du tourisme d’affaires. Bien que la reprise semble au rendez-vous en 2023, de nouvelles tendances se dessinent, estime Gilber Paquette, directeur général de Tourisme d’affaires Québec, qui organise un premier colloque pour ce secteur en novembre.

Selon un sondage réalisé par l’organisme en 2023 auprès de ses 165 membres, la reprise des activités est assez mitigée dans le domaine. En effet, 43 % des répondants constataient que la proportion de leurs revenus attribuables au tourisme d’affaires était supérieure à 2019 pour l’année 2022, alors que 41 % considéraient qu’elle était inférieure.

"Nous suspectons que c’est plutôt dans les grands centres que c’est plus bas, parce que dans les régions, nous avons beaucoup de signaux qui nous laissent croire que 2022 est une année exceptionnelle. Tous les événements qui n’ont pas eu lieu en 2020-2021 se retrouvent poussés en avant", affirme M. Paquette. Celui-ci précise que la reprise a d’ailleurs été plus rapide qu’attendu, avec une demande très forte au sortir de la pandémie, qui tend maintenant à se stabiliser.

Tendances en émergence

L’industrie a tout de même connu une certaine transformation, alors que des secteurs différents sont en émergence. "L’un des segments en croissance actuellement est celui des réunions d’équipe. C’est nouveau. C’est un marché que nous n’avions pas auparavant parce que les réunions se réalisaient à l’intérieur des murs de l’entreprise. Depuis la pandémie et le télétravail, certaines organisations ont réduit leurs espaces de bureau et louent des salles pour rassembler leurs employés", mentionne le directeur général de Tourisme d’affaires Québec.

Les voyages de motivation (teambuilding) sont également en forte augmentation. "C’est particulièrement vrai dans nos établissements qui sont dans un secteur de villégiature. C’était en perte de vitesse avant la pandémie, mais on assiste à un renouveau dans ce segment. Avec le télétravail, nous pensons que les entreprises veulent réunir leurs salariés pour favoriser la mobilisation", précise Gilber Paquette.

Les foires et salons commerciaux semblent en déclin, selon 51 % des répondants au sondage, tandis que les congrès sont stables (49 %). Par ailleurs, environ 50 % mentionnaient que près de la moitié de leurs locations de salles en 2022 provenaient de nouveaux clients.

Dernière minute

L’un des nouveaux phénomènes qui sont aussi observés cette année concerne les demandes de dernière minute. En effet, 82 % des membres de Tourisme d’affaires Québec constataient une hausse des réservations moins de deux mois à l’avance des événements d’affaires. "Dans le passé, les réservations s’effectuaient plusieurs semaines avant. Maintenant, nous avons parfois deux à quatre semaines d’avis. Ça crée une pression énorme sur l’équipe de ventes", fait remarquer M. Paquette.

Celui-ci ne s’attend toutefois pas à ce que le phénomène perdure à long terme. "Les entreprises sont encore en réaction. Le contexte économique actuel demeure très chargé. Tout cela entraîne des gestes plus spontanés et impulsifs."

Préoccupations

Pour l’instant, le contexte économique n’a pas véritablement affecté le tourisme d’affaires. Toutefois, 20 % des répondants au sondage s’inquiétaient d’une baisse d’achalandage ou d’une diminution des réservations et des événements en lien avec une possible récession. Quelque 18 % étaient préoccupés de la hausse des coûts et de leur gestion.

"On compte jusqu’à 30 % d’augmentation du prix d’une chambre selon les régions du Québec. Pour les services alimentaires, c’est entre 18 et 25 % d’inflation. C’est majeur. Ça fait en sorte que les organisateurs n’ont souvent pas le choix de majorer le tarif pour les participants", explique Gilber Paquette.

L’une des stratégies pour réduire les coûts consiste à limiter le nombre de participants. "On voit que des organisateurs ont mis en place cette stratégie. Les clients sont au rendez-vous, mais les groupes sont plus petits en 2022, selon près de 50 % des répondants au sondage.

Main-d’œuvre

Comme partout, la pénurie de main-d’œuvre demeure un enjeu important dans l’industrie du tourisme d’affaires. Une stratégie est d’ailleurs en cours de rédaction par le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme afin de favoriser l’attraction et la formation de main-d’œuvre dans le domaine.

Par ailleurs, les membres de Tourisme d’affaires Québec ont dû mettre en place différentes mesures pour réduire l’impact de la pénurie. Quelque 43 % ont restreint le menu des services alimentaires, 41 % ont diminué les heures d’ouverture des services connexes et 31 % ont limité la taille des groupes des événements d’affaires. Environ 20 % ont procédé à la fermeture de salles. Fait à noter, 24 % ne rapportent aucune répercussion au sein de leur organisation.

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