Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Le transport, un service vital publié dans notre édition du mois de septembre.

SAGUENAY – Les transformations, tant environnementales que sociales, à venir dans le monde du transport vont nécessiter une plus grande implication des gouvernements provinciaux et fédéraux, estime la directrice générale de Transcol, Caroline Girard. Actuellement, les programmes de subvention et de soutien ne répondent pas aux véritables besoins et enjeux des entreprises, surtout celles de camionnage.

« L’industrie ne sera pas prête pour les cibles de 2035, à moins d’actions et d’accompagnement. Juste les investissements à réaliser, c’est énorme », affirme d’entrée de jeu Mme Girard.

Bien qu’il existe certains programmes gouvernementaux, ceux-ci ne sont pas suffisants pour assurer la transition nécessaire dans le secteur. D’autres, qui pourraient être pertinents, ne s’appliquent pas aux entreprises de transport. « Il existe des subventions, mais c’est négligeable. Un camion, ça coûte maintenant plus de 200 000 $. Et je n’ai pas la remorque avec. Si j’achète quatre camions, j’investit 1 M$. Par exemple, l’an dernier, nous avons réalisé 2,7 M$ d’investissements. Les prix ont doublé en quelques années, mais les taux que nous chargeons n’ont pas doublé », explique la directrice générale de Transcol.

Cette dernière estime que même en matière de transformation numérique, il est difficile pour les entreprises de transport d’obtenir du soutien. « Depuis quelques années, nous sommes en implantation d’un nouveau système informatique, ce qui représente plusieurs centaines de milliers de dollars. J’ai réussi à obtenir une subvention cette année de 2 000 $ », révèle-t-elle.

Entreposage

Le même cas de figure se retrouve en matière d’entreposage, une avenue que la directrice générale juge essentielle pour faire face aux changements à venir. « Pour notre projet d’entrepôt à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix, un investissement de 9 M$, nous n’avons reçu aucune aide. Ça prend des reins solides. À coups de plusieurs millions de dollars, on ne peut pas faire ça plusieurs fois. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui peuvent se le permettre », illustre Caroline Girard.

Elle rappelle que l’entreposage représente un potentiel de croissance énorme au Québec, notamment avec la décarbonation du domaine du transport. « Il y a des affaires à développer dans notre secteur. [...] Il ne faudrait pas passer à côté du bateau avec ce qui s’en vient, tant pour la transition énergétique que les grands chantiers et le développement de la filière batterie », souligne-t-elle.

Madame Girard s’inquiète de voir, à terme, des géants prendre toute la place sur le marché au détriment de plus petites entreprises de propriété régionale comme la sienne. « Ce sont des entreprises comme la nôtre qui vont vouloir investir dans l’entreposage. C’est important d’aller aider des PME québécoises plutôt que des grosses entreprises qui sont en train de se créer un monopole. [...] Ça va prendre de l’accompagnement, des subventions, de l’aide pour permettre la transition et le développement de nos entreprises locales. »

Une méconnaissance

Selon la directrice générale de Transcol, il existe une grande méconnaissance du domaine du transport au sein de la société et, en particulier, des élus. Elle croit que ceux-ci gagneraient à se renseigner pour mieux comprendre la logistique et les contraintes qui sous-tendent les échanges de marchandises à travers la province et avec l’extérieur. « Au niveau du gouvernement, il va falloir une connaissance plus fine de la logistique entre les régions, de ce qui se fait, de qui sont les joueurs majeurs en matière de transport interrégional, des entreprises qui peuvent aller de l’avant avec des projets. C’est la clé pour mettre des solutions durables en place », conclut Caroline Girard.

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