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Roger Boivin

Le complexe industriel régional de Rio Tinto abrite une importante composante plutôt méconnue : l'usine Vaudreuil. Située au cœur du complexe Jonquière, cette installation est en opération depuis 1936. Bonne nouvelle, Rio vient d'y investir un peu plus de 300 millions pour en prolonger la vie utile d'au moins 25 ans !

La production de l'aluminium se fait à partir de l'alumine, qui doit d'abord être extraite d'autres minerais, notamment de la bauxite. C'est justement la fonction de l'usine Vaudreuil. C'est la seule installation de ce type au Canada. Vaudreuil satisfait actuellement environ les deux tiers des besoins en alumine des usines de Rio Tinto au Saguenay-Lac-St-Jean. Malgré le désavantage de ne pas être située près d'une mine de bauxite, Vaudreuil opère à un coût mondialement très concurrentiel. Vaudreuil transforme chaque année plus de 3,5 millions de tonnes de bauxite en 1,5 million de tonnes d'alumine, ce qui génère une très importante activité économique ici.

Une extraordinaire occasion d'affaires

Par contre, le procédé industriel actuellement utilisé à l'usine Vaudreuil requière d'importantes quantités de gaz naturel, ce qui génère annuellement environ 350 000 tonnes de GES. Si elle joue bien ses cartes, la région pourrait être fortement gagnante de l'élimination de ces 350 000 tonnes de GES.

En effet, il a été récemment démontré qu'en modifiant des usines comme Vaudreuil, on peut y remplacer le gaz naturel par de l'hydrogène, un gaz dont la combustion ne génère aucun GES.... Pour cela, il faudra produire d'importantes quantités d'hydrogène en utilisant de l'électricité, environ 300 MW dans le cas de Vaudreuil.

Remplacer le gaz naturel par de l'hydrogène à l'usine Vaudreuil est une transition qui présente de très importantes possibilités de gains économiques (et environnementaux) pour la région : des investissements pour adapter les installations de Vaudreuil à l'hydrogène, la construction d'une usine de production d'hydrogène et la production de 300 nouveaux MW d'électricité.

Les investissements requis dans les installations elles-mêmes se feront nécessairement ici, de même que la production d'hydrogène, qui aura avantage à se faire tout près de l'usine Vaudreuil. Par contre, les 300 nouveaux MW d'électricité pourraient être produits ailleurs. Il est donc prioritaire que les intervenants de la région se mobilisent pour enclencher la conversion de Vaudreuil vers l'hydrogène. Pour les 300 nouveaux MW d'électricité requise, pourquoi ne pas en profiter pour les produire ici au Saguenay-Lac-St-Jean, par exemple à partir d'une série d'éoliennes qui pourraient être réparties un peu partout dans la région et qui nous appartiendraient collectivement via un organisme comme la Société de l'énergie communautaire du Lac-St-Jean qui redistribuerait ses profits aux villes/MRC de la région ?

Alors que traditionnellement les modernisations d'usines signifient des pertes d'emplois, la transition vers une Vaudreuil verte, ne générerait que des gains pour la région : contribution à la diminution des GES, investissements dans l'usine existante, construction et opération d'une usine d'hydrogène et de nouveaux parcs d'éoliennes. À nous de jouer !

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