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Sophie Villeneuve

Le taux d’inoccupation des logements en région n’a jamais été aussi bas, passant sous la barre des 1% cette année. Dans certains secteurs, on parle même de 0%. Les prix n’ont jamais été aussi élevés. Dans un contexte inflationniste où tout coûte plus cher, plusieurs familles se retrouvent devant un casse-tête majeur.

Ces constats sont révélateurs de quelque chose d’important : on a failli à prévoir les besoins en matière de logement depuis quelques décennies.

On rapportait dans La Presse il y a quelques semaines qu’en plus de se retrouver dans une telle posture, on nous annonce qu’on construira cette année 40 % moins de logements locatifs et 23 % moins de maisons unifamiliales au Québec qu’en 2022.

Alors que nous nous débattons à monter des campagnes d’attraction de nouveaux arrivants d’autres régions du Québec et de l’international et que nous avons plusieurs projets d’envergure qui mijotent, ce problème majeur viendra bientôt nous heurter de plein fouet.

Rien de réjouissant

Les couples qui se forment, les étudiants qui quittent le nid, les immigrants, les couples de retraités qui vendent leur maison pour avoir moins de tracas, les familles à faible revenu, tout autant de clientèle pour un marché locatif qui ne parvient pas à gérer la demande actuelle. Et la hausse des coûts de loyer qu’entrainent cette pénurie éloignent toujours plus les jeunes premiers acheteurs de la possibilité de posséder leur propre maison. Parce que quand ça te coûte 1600$/mois pour un 4 ½, ça devient difficile de penser économiser pour une mise de fonds. Et c’est souvent le coût réel des constructeurs dans la réalité actuelle. Avec les taux d’intérêt que nous avons en ce moment, c’est encore pire.

Devant cette demande énorme, comment se fait-il que les promoteurs ne s’activent pas davantage pour construire ? La hausse des coûts des matériaux occasionnés par la crise des approvisionnements vécue pendant la Covid s’est stabilisée, mais il en coûte néanmoins plus de 35% qu’avant 2020 pour bâtir.

Et les taux d’intérêt ne sont pas plus élevés seulement pour l’achat d’une maison. Ils le sont également pour les promoteurs qui souhaiteraient bien développer davantage.

Les profits dans le locatif n’arrivent plus aussi rapidement et la disponibilité des fonds pour monter des projets via des partenaires majeurs en capital de risque est presque inexistant.

Et il y a une limite à ce que tout le monde peut payer. Le locataire et le constructeur.

Des mécanismes peuvent et doivent être mis en place afin de faciliter l’accès au capital pour les constructeurs, question que ces derniers aient la capacité de régulariser l’offre pour la rapprocher des besoins de la population, avant que nous ayons à faire face à un problème social bien plus vaste.

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