Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Les mines, portes ouvertes vers le nord publié dans notre édition du mois de janvier.

SAGUENAY – Plusieurs projets d’exploration minière sont en cours dans la région. Certains sont plus avancés, d’autres moins. Survol des activités de quelques entreprises au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

First Phosphate

La jeune entreprise minière, qui développe un projet de phosphate destiné au marché des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), a été très active au cours des derniers mois avec la conclusion de plusieurs protocoles d’ententes avec divers collaborateurs. « Il n’existe pas encore de chaîne de valeur pour la batterie LFP en Amérique du Nord. C’est tout à construire. Nous cherchons un ou deux partenaires dans chaque niche pour bâtir avec eux la chaîne de production », indique John Passalacqua, chef de la direction de First Phosphate, précisant que sa chaîne de valeur est relativement complète, même si d’autres partenariats sont à venir.

L’entreprise a récemment conclu des protocoles d’entente pour une production annuelle de 46 000 tonnes de matériau actif de cathode. Le premier, avec American Battery Factory, prévoit la production de 40 000 tonnes par an qui seraient destinées à la fabrication de batteries LFP pour le stockage d’énergie. Cet accord serait implanté progressivement à compter de 2025, pour atteindre la production maximale en 2028. Il représenterait d’un demi à un milliard de dollars de revenus pour First Phosphate.

Le second, conclu avec Ultion Technologies, planifie la fourniture de 6 000 tonnes de matériau actif de cathode pour des batteries LFP destinées à des produits spécialisés. « Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont accès à une technologie pour créer la poudre de cathode. Comme ils n’ont pas d’intérêt pour le fabriquer eux-mêmes, ils nous donnent la licence », affirme M. Passalacqua. Un protocole d’accord a aussi été conclu avec Lithium Australia pour le développement conjoint d’une usine de démonstration, puis d’une usine commerciale en Amérique du Nord.

Actuellement, le Règlement national 43-101 et l’Évaluation économique préliminaire ont été réalisés, avec des résultats positifs, pour la propriété phare de Lac-à-l’Orignal. John Passalacqua espère maintenant exécuter ces mêmes études pour la propriété de Bégin-Lamarche, jugée encore plus prometteuse, tant par sa teneur en phosphate que par sa plus grande proximité avec les infrastructures d’énergie et de transport. Les résultats de ces évaluations permettront à First Phosphate de sélectionner la propriété la plus intéressante pour l’étude de faisabilité, qui devrait être effectuée à l’automne 2024. Des résultats des tests de fabrication d’acide phosphorique purifié, réalisés par Prayon à partir des échantillons de la minière, sont également attendus au premier trimestre 2024.

NioBay Metals

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la propriété principale de NioBay Metals est le projet Crevier, situé au nord de Girardville. Celui-ci est axé sur le niobium et le tantale. Depuis deux ans, l’entreprise y a investi 2,1 M$. À l’été 2023, ces investissements ont permis de réaliser des forages supplémentaires pour vérifier des extensions ainsi que les teneurs plus en profondeur dans la zone principale.

« Nous attendons les résultats. À partir des données que nous obtiendrons, nous pourrons prendre une décision. […] L’objectif, c’est d’améliorer notre teneur. Si nous sommes capables d’améliorer la teneur, c’est certain que nous lancerons l’étude de faisabilité et que nous entreprendrons les travaux pour en faire une véritable mine », indique Jean-Sébastien David, président et chef de la direction de NioBay Metals.

Ce dernier souhaite avoir obtenu tous les résultats et effectué les calculs de ressources pour le mois de mars. Il espère faire une annonce lors du congrès de la Prospectors & Developers Association of Canada (PDAC).

« Si nous sommes capables d’améliorer la teneur, c’est certain que nous lancerons l’étude de faisabilité. » - Jean-Sébastien David

En 2023, la minière, qui célébrera ses 70 ans cette année, a aussi récupéré plusieurs blocs de claims dans la région, totalisant 325 km2. Ses équipes en ont visité plusieurs au cours de l’été pour déterminer les zones les plus intéressantes à cibler pour les prochaines années. En 2024, l’entreprise retournera dans ces espaces afin d’effectuer des travaux de cartographie, d’identification de roches et de prélèvements d’échantillons de surface. « Il n’y a pas de forages encore dans ces zones », précise M. David.

Pour ces nouvelles propriétés, NioBay Metals se concentre principalement sur les métaux critiques et stratégiques, notamment le niobium, le tantale, les terres rares, le strontium, le titane et le phosphate. Si des indices intéressants pour d’autres métaux étaient trouvés, la minière pourrait vendre ces claims à d’autres entreprises ou à d’autres divisions d’Osisko, qui possède 25 % de son capital-actions.

Les zones ciblées l’an prochain sont au nord du projet Crevier. La zone Blue comprend des indices de graphite et de nickel-cuivre ; un secteur au sud de la propriété Albanel-2 possède de l’intérêt pour le chrome et le nickel ; la zone Kodiak contient des indices de magnésium et de manganèse. La zone Isabelle devrait aussi être visitée, de même qu’une bande de claims comportant de très bons indices de strontium, titane et phosphate sur la bordure nord du projet Crevier.

SOQUEM

Au moment de mettre sous presse, il n’avait pas été possible d’obtenir d’entrevue avec un représentant de la SOQUEM. Cette filiale d’Investissement Québec possède plusieurs propriétés un peu partout au Québec, dont quelques-unes dans la région ainsi qu’à proximité de Chibougamau.

Fin décembre, elle a annoncé avoir trouvé un système nickel-cuivre magmatique sur sa propriété Cardinal, à 80 km au sud-est de Chibougamau. Les premiers résultats de sa campagne de forage de l’automne dernier révèlent la découverte d’une nouvelle zone minéralisée dans laquelle l’un des forages a retourné des teneurs de 0,47 % nickel, 0,76 % cuivre, 0,07 % cobalt, 0,29 g/t palladium, 0,34 g/t platine et 0,17 grammes/tonnes d’or sur 34,6 mètres à partir de 72,4 m. Il s’agit de résultats intéressants, mais des résultats d’analyses supplémentaires sont en attentes pour tous les forages.

La SOQUEM possède aussi un projet de cuivre-nickel-cobalt au stade de l’exploration au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dénommé Lac du Curé, celui-ci a été acquis par la filiale d’Investissement Québec des mains de deux prospecteurs de la région. La continuité du système minéralisateur est confirmée sur cette propriété sur environ 1,5 km. Des résultats allant jusqu’à 0,34 % nickel et 0,26 % cuivre sur 2,5 mètres ont été identifiés.

Magnor Exploration

Magnor Exploration est une entreprise de services en exploration minière, mais elle possède, depuis 2019, une filiale dévouée à l’exploitation, Ressources Periodic, qui détient les droits d’exploitation sur une carrière de magnétite dans les Monts-Valins et quelques autres actifs dans la région.

Il a été impossible d’obtenir une entrevue avec le président de l’entreprise, Frédéric Bergeron, avant de mettre sous presse. Toutefois, selon les données disponibles sur la Carte routière minérale de la Table régionale de concertation minière (TRCM), l’entreprise serait au stade des travaux d’exploration (décapage et forage) sur certaines de ses propriétés dans la région, notamment en lien avec le cuivre, le nickel, le cobalt, le vanadium et le phosphore.

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