Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Les mines, portes ouvertes vers le nord publié dans notre édition du mois de janvier.

DOLBEAU-MISTASSINI - Des entreprises régionales parviennent à faire des affaires d’or dans l’industrie minière, même si notre territoire n’est pas comparable aux activités industrielles de l’Abitibi-Témiscamingue. C’est le cas de Forages Géo-Nord, propriété de Michel Doucet.

La PME basée à Dolbeau-Mistassini offre ses services d’exploration minière aux petits joueurs de l’industrie partout sur les territoires québécois et ontarien.

Après la prise d’un claim, les entreprises détenant le titre font appel à une firme d’exploration dans le but d’effectuer de levées géologiques afin de caractériser le sol et définir la taille d’un potentiel gisement. Cette étape peut prendre environ deux ans avant de franchir l’étape supplémentaire : celle de la mise en valeur et d’évaluation de la technique d’extraction et des coûts d’opération. « Pour l’exploration minière, surtout pour les juniors, c’est souvent la première exploration [au-delà] des échantillons et de la surface. Nous pratiquons le carottage pour aller plus profondément, cherchant les failles dans les plaques tectoniques. Là où la plaque est plus grosse, il peut y avoir des concentrations plus fortes. On ne sait jamais ce qu’il y a en dessous. Le forage est donc essentiel pour découvrir ce qui se cache sous la surface », explique d’entrée de jeu Michel Doucet.

L’acquisition de foreuses et d’équipements de remplacement constitue un enjeu bien réel pour les entreprises de ce secteur. L’entrepreneur, qui a d’abord forgé ses expériences dans le milieu de la construction, explique qu’il est nécessaire d’être bien préparé et bien équipé, surtout lorsque la plupart des opérations s’effectuent dans des territoires éloignés.

« C’est important d’avoir des pièces de remplacement et avoir une bonne planification de projet. Quand tu commences dans ces années-ci, tu bénéficies de technologies plus poussées et de meilleures techniques. Ça peut avoir un gros impact. Il est essentiel pour nous d’avoir de très bonnes machines de pointe. Cela nous permet de pousser plus pour faire plus de production et d’avoir un avantage concurrentiel. Nos employés doivent avoir tout le nécessaire sur place, car en travaillant dans des territoires éloignés, il n’est pas question de perdre du temps à chercher des solutions à distance. Nos unités ont tout pour que ce soit efficace, même en cas de bris d’équipements », fait savoir Michel Doucet.

Des travaux coûteux

Les dernières années ont été très profitables pour les entreprises de forage. Michel Doucet ne s’en cache pas. Il indique toutefois que la vapeur s’est renversée en 2023 alors que les travaux confiés étaient plus petits comparativement à 2021 et 2022. Selon lui, les petits joueurs ont le pied sur le frein en raison de la conjoncture boursière. Cela n’empêche pas son entreprise d’être active dans des projets en Abitibi et dans des secteurs ontariens tels que Thunder Bay, Sudbury, Timmins et aussi loin que Red Lake.

« La valeur des projets qui nous sont confiés varie entre 100 000 $ et 2 M$. Le plus petit que nous avons eu est de 50 000$. Cela illustre le coût significatif des travaux d’exploration et de forage pour les sociétés détenant des titres miniers. Ces investissements importants sont nécessaires pour l’exploration et l’identification des potentiels miniers, mais ils représentent une dépense conséquente pour ces entreprises alors qu’elles ont un potentiel de gains importants découlant d’une possible exploitation d’un gisement », détaille le propriétaire de l’entreprise établie à Dolbeau-Mistassini.

La main-d’œuvre, un enjeu

Dans un domaine où les emplois sont bien rémunérés, Michel Doucet ne va pas par quatre chemins, il avoue que le recrutement et la rétention sont des enjeux de taille pour la plupart des entreprises de forage.

« C’est un défi constant. Le travail que nous faisons ici chez Forages Géo-Nord, notamment dans le Nord-du-Québec et l’Ontario, est physiquement exigeant et loin d’être aisé. Il y a une perception erronée chez certains qu’en forage, on peut gagner facilement sa vie sans trop d’effort. Or, ce n’est absolument pas le cas. C’est un métier qui demande un engagement total et une rigueur sans faille. Par conséquent, il est difficile de constituer une équipe solide, surtout avec les fluctuations du marché et les contraintes économiques actuelles. On se bat pour garder nos meilleurs éléments, dans un secteur où la compétition est rude et les gros joueurs, toujours à l’affût de talents. Notre succès repose sur notre capacité à maintenir une équipe engagée, compétente et motivée », conclut-il.

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