Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Le secteur forestier en changement, publié dans notre édition du mois d'avril.

SAGUENAY – La SOPFEU est déjà à pied d’œuvre pour la saison 2024. Grâce à une mobilisation hâtive, ses équipes, dont quelque 240 pompiers forestiers, sont prêtes à intervenir dès que la situation le nécessitera.

Après la saison exceptionnelle de feux de forêt de 2023, le gouvernement a accordé à l’organisme un financement additionnel de 16 M$ lors de sa mise à jour économique de novembre. Un montant supplémentaire de 29 M$ sur cinq ans a été alloué dans le budget provincial 2024. Selon l’agente à la prévention et aux communications, Josée Poitras, la SOPFEU a mis à profit ces sommes afin de se préparer à d’autres épisodes semblables.

« Pour nous, la saison 2024 est débutée. […] Nous avons amené du personnel en renfort de façon plus hâtive que par le passé. Nous formons aussi les employés saisonniers et réguliers plus rapidement. […] Nous avons utilisé les subventions du gouvernement pour améliorer nos infrastructures et nos équipements. Il y a beaucoup de postes qui ont été ouverts pour nous aider, tant du côté de la planification des opérations que de la ligne de feu », résume-t-elle.

Du recrutement est d’ailleurs toujours en cours partout au Québec, notamment du côté des pompiers forestiers. Les effectifs de l’organisation devraient augmenter au cours des prochaines années.

Printemps hâtif

La SOPFEU, qui a pour mission de protéger la forêt, les communautés et les infrastructures stratégiques contre les incendies de végétation, surveille particulièrement l’évolution de la météo. Elle possède d’ailleurs son propre service météo spécialisé.

« Cette année, on constate que le printemps est hâtif. Il y a une partie plus sèche à l’ouest de la province. Il y a peu de couvert de neige et on a eu un automne peu pluvieux. […] Les zones brûlées en 2023 occupent de grandes superficies et s’assèchent plus rapidement. Il pourrait y avoir des sources d’incendies dans ces secteurs », mentionne Mme Poitras.

Impossible à prévoir

Toutefois, il est impossible de prévoir avec certitude si ces conditions climatiques généreront une autre année titanesque en ce qui a trait aux incendies de forêt. « En 2023, c’est un phénomène météo qui a eu lieu. Les premiers mois ont été normaux, mais mai a été particulièrement sec. Il y avait un assèchement important. Le 1er juin, plus de 3 000 coups de foudre ont donc allumé plus de 160 brasiers », explique Josée Poitras.

Rappelons que la SOPFEU avait alors la capacité opérationnelle de combattre 30 incendies simultanément, ou un seul de plus de 1 000 hectares (ha). Celle-ci avait déjà été dépassée en mai, avec 56 feux actifs, dont un de plus de 1 000 ha dans le secteur de Sept-Îles. « L’an passé, on n’aurait pas pu le prévoir. […] Il s’agissait d’une année exceptionnelle. Des feux ont menacé la sécurité du public, il y a eu des évacuations. C’était presque du jamais vu », assure l’agente à la prévention.

Les défis de la saison 2023 ont toutefois permis à l’organisation d’améliorer certains aspects et de tirer des leçons. « Nos pompiers ont pu parfaire certaines techniques de combats d’incendie, comme les lignes d’arrêt mécanisé qui ont été plus employées l’été passé. Ce ne sont pas des techniques que nous utilisons souvent, mais ça fait partie de notre arsenal, comme les pompiers forestiers, l’arrosage héliporté, les avions-citernes, etc. », souligne Mme Poitras. Elle assure aussi que les sommes reçues du gouvernement permettront à la SOPFEU d’augmenter sa capacité d’intervention en ajoutant des ressources matérielles et humaines.

Prévention

Même si ce n’était pas le cas en 2023, Mme Poitras rappelle qu’au cours des 10 dernières années, environ les 3/4 des incendies de forêt ont été causés par l’activité humaine. Ils étaient notamment dus à des feux de camp mal éteints, à la cigarette, à des activités comme le VTT ou à des feux de nettoyage, au printemps.

Cette période est d’ailleurs un moment où la forêt est particulièrement vulnérable. « Il y a une mauvaise perception que les feux ne se produisent pas au printemps. En fait, c’est la saison la plus critique pour les incendies de forêt. […] Tant que toute la végétation n’est pas sortie, la forêt est fragile. En été, les journées commencent à raccourcir et les mois de juillet et août sont généralement plus humides. Ça aide à éviter ou à calmer les brasiers », révèle Josée Poitras.

L’agente de prévention considère que les entreprises forestières ont à cœur la protection des forêts contre le feu, même si la sensibilisation se poursuit toujours auprès d’elles. Par ailleurs, l’industrie peut collaborer avec la SOPFEU en période d’incendies, notamment grâce à sa machinerie. Cela a d’ailleurs été le cas l’an dernier pour la construction des lignes d’arrêt mécanisées.

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