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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le Groupe Riverin innove en matière de santé et sécurité au travail. L’entreprise teste actuellement des exosquelettes afin de réduire les risques liés à certains travaux manuels nécessitant un effort physique important.

Le groupe saguenéen, qui œuvre principalement dans le secteur de la construction et possède des installations dans plusieurs régions, place la santé et la sécurité de ses salariés au centre de ses valeurs. Il emploie près de 1 000 personnes en haute saison. "Nous avions de plus en plus de troubles musculosquelettiques et nous étions à la recherche de solutions. Le travail manuel et physique est difficile. Oui, il y a des méthodes de travail, de la rotation entre les employés qu’on peut faire. Cependant, au quotidien, ce n’est pas toujours facile à réaliser. Nous nous sommes donc tournés vers l’innovation", explique Mélanie Lapierre, conseillère en santé et sécurité pour le Groupe Riverin.

Alors que l’Europe est très avancée en matière de robots et d’exosquelettes, ceux-ci sont encore peu répandus dans les chantiers de construction au Québec. Les fabricants de ces technologies sont aussi relativement peu présents dans la province. C’est finalement chez Biolift, une firme montréalaise lancée en 2019, que la PME saguenéenne a trouvé sa solution. "Nous travaillons en partenariat avec eux. Nous avons huit exosquelettes en location pour toute la saison, soit de juin jusqu’à la fin octobre", précise Mme Lapierre, ajoutant qu’une autre entreprise de la région collabore avec Biolift.

Protéger le dos

Les exosquelettes de Biolift sont destinés aux travaux qui nécessitent des postures à genoux ou penchées, ou encore à des tâches qui demandent de soulever et de déposer du matériel. Ils offrent un support jusqu’à 20 kg, grâce à des ressorts à air comprimé qui emmagasinent l’énergie mécanique du corps humain lorsqu’on fléchit le dos et la redistribue lorsqu’on se relève. "Il n’y a pas de pile. C’est mécanique. Ça vient vraiment supporter le dos", indique la conseillère en santé et sécurité.

Selon elle, les exosquelettes agiront sur les blessures au dos que le Groupe Riverin constatait le plus souvent, soit les entorses lombaires et les hernies discales. "Ça s’ajoute à toutes les autres mesures de protection et de prévention que nous mettons en place pour réduire le risque de blessures. […] Cet été, nous observons moins de lésions, mais nous ne pouvons pas encore dire si c’est attribuable à cette nouvelle technologie ou non."

En essai

Ajustables pour des tailles allant de 5 pieds 4 pouces à 6 pieds 5 pouces, les exosquelettes peuvent être transférés d’un travailleur à l’autre selon les besoins. "Ils sont en essai dans différents chantiers et dans certaines de nos usines, dont Tuvico à Laterrière et Fortier 2000 à Québec. C’est sûr que c’est une adaptation pour les employés, mais jusqu’à présent, c’est très apprécié", mentionne Mélanie Lapierre.

L’entreprise reçoit le soutien de Biolift, qui effectue un suivi régulier avec elle. "Nous questionnons aussi les salariés qui les utilisent pour savoir ce qu’ils aiment et les aspects qu'ils apprécient moins. Nous allons analyser les points positifs et négatifs. Nous comparerons aussi l’ensemble de nos troubles musculosquelettiques dans les divisions qui l’ont essayé et celles qui ne l’ont pas fait", affirme la conseillère en santé et sécurité.

Le Groupe Riverin s’intéresse à d’autres types d’exosquelettes, qui pourraient offrir du support pour les tâches telles que soulever de lourdes charges ou travailler avec les bras en l’air sur de longues périodes. L’entreprise évalue également des options technologiques qui faciliteraient les coulées de béton. "Nous sommes toujours en train d’essayer de nous améliorer et de mécaniser nos tâches plus difficiles. Je pense que les exosquelettes sont une technologie qui va prendre de l’ampleur dans le futur", conclut Mme Lapierre.

Des robots qui se démarquent en SST

SAGUENAY – Depuis 2019, le Groupe Riverin s’est équipé de robots destinés à la démolition de béton. Visant d’abord à améliorer la santé et la sécurité des travailleurs, ceux-ci sont rapidement devenus une façon pour l’entreprise de se démarquer et de développer un nouveau créneau d’affaires.

Ces robots de marque Brokk sont équipés d’une tête pouvant être dotée de différents outils de démolition. Ils sont dirigés par un opérateur muni d’une télécommande. Ceux acquis par le Groupe Riverin fonctionnent à l’électricité. "Ça élimine le risque de blessures des articulations, comme le coude, les mains, les épaules et le dos, puisque le travailleur n’a pas à soutenir manuellement le marteau-piqueur. Ça permet d’éviter plusieurs maladies professionnelles. L’opérateur peut aussi être à bonne distance du robot, donc c’est sûr que les risques de projections sont moins grands. De plus, des jets d’eau sur la machine rabattent les poussières", explique le directeur de la division Démolition, réfection et fini de béton, Steven Desmeules.

C’est donc d’abord la santé et la sécurité des employés qui a poussé l’entreprise à acquérir son premier robot en 2019. Cette technologie s’est toutefois rapidement révélée encore plus intéressante sur différents plans. "Un Brokk 70 fait le travail d’au moins cinq hommes. Un modèle 110, plus gros, remplace jusqu’à 8 hommes. Avec la pénurie de main-d’œuvre, c’est un grand avantage, surtout en considérant que la démolition de béton est une tâche très difficile", souligne M. Desmeules.

Se démarquer

Celui-ci ajoute qu’en 2020, les robots Brokk ont aussi permis à sa division de se faire remarquer lors d’un contrat de démolition de béton réfractaire dans le cadre d’entretien des cuves d’électrolyse chez Rio Tinto. "Quand ils ferment un four, ils doivent normalement attendre 72 heures avant d'entrer dedans parce que c’est trop chaud. Nous, avec le robot, nous pouvons y aller après 24 heures, puisque l’opérateur dirige la machine en restant à l’extérieur de la cuve. Ça leur fait gagner beaucoup de temps", révèle-t-il.

Depuis, le créneau de démolition de béton a rapidement pris de l’ampleur. Le nombre de contrats de ce type est passé de sept en 2020 à 22 en 2022. Depuis le début de 2023, 19 projets ont été complétés ou sont en cours. "Nous possédons maintenant cinq robots, soit trois modèles 70 et deux 110. Nous avons quatre opérateurs pour le moment. Nous avons de plus en plus de visibilité avec cette technologie et commençons à être reconnus pour ça", précise le directeur, qui prévoit acheter des modèles plus gros au cours des prochaines années.

Mentionnons que le Groupe Riverin a également équipé les travailleurs de la division Démolition, réfection et fini de béton de respirateurs permettant de leur fournir de l’air propre. Ceux-ci fournissent notamment une protection contre les poussières. Une brouette électrique a aussi été acquise cette année.

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