Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Construction, une industrie en mutation publié dans notre édition du mois de février.

SAGUENAY — Le virage technologique des entreprises de construction s’accélère au Québec. Depuis les 5 dernières années, Joseph Faye, directeur du développement et de l’innovation à l’ACQ, constate que les entrepreneurs prennent le virage. Usage du BIM, numérisation des processus et analyses de maturité numérique démontrent que la transition est bien en marche dans ce secteur névralgique de l’économie québécoise.

Dans les derniers mois, l’Association de la construction du Québec s’est dotée d’une direction stratégique au développement de l’innovation, démontrant ainsi cette volonté pour l’organisme d’accompagner les employeurs vers de meilleures pratiques. « On parle beaucoup de digitalisation. Ça touche fondamentalement la donnée et l’usage qu’on peut en faire. Lorsqu’on a accès à la donnée et qu’on l’utilise bien, toutes les parties impliquées y ont accès, et ce, aux bons endroits et au bon moment. L’utilisation du numérique en construction en construction apporte des gains de productivité et permet de réduire les reprises de travaux du fait de l’accessibilité aux données. Donc d’éviter des pertes. Avec un bon usage des outils, des études démontrent qu’il est possible de réduire jusqu’à 95 % des reprises en chantier », exprime M. Faye.

Le BIM : bientôt la norme dans les chantiers publics

Ce dernier fait notamment référence aux maquettes et aux jumeaux numériques, un usage qui pourrait augmenter grandement l’efficacité de ce secteur économique, représentant plus de 12 % du PIB provincial. « L’utilisation du BIM ou la conception d’un jumeau numérique offre des opportunités de collaboration entre les différents acteurs d’un chantier, mais aussi au gestionnaire du bâtiment durant tout son cycle de vie. De plus en plus, nous voyons des entreprises emprunter cette voie. Oui, cela implique plus de temps passé en conception, mais une fois en chantier, tout est plus optimisé. Les constructeurs sont en mesure de suivre les plans au mètre près grâce à la représentation en 3D. […] Il y a un changement de vision. Avec un jumeau numérique, ou des maquettes BIM, on peut simuler le fonctionnement du bâtiment et détecter s’il n’y a pas d’interférence entre les travaux des différentes spécialités », soutient le directeur du développement et de l’innovation.

De plus en plus présent dans les appels d’offres publics, l’utilisation du (BIM Building Information Modeling) deviendra bientôt la norme dans les grands chantiers lancés par les différents paliers de gouvernements. Une feuille de route a été présentée aux entrepreneurs afin de leur laisser le temps de se mettre à niveau s’ils veulent travailler dans ces chantiers d’envergure.

« Des donneurs d’ordre comme la Société québécoise des Infrastructures, Hydro-Québec, le ministère de Transports, les villes de Montréal et de Québec ont notamment débuté l’intégration du BIM dans les conditions de réalisation de certains projets. […] La feuille de route séquencée permet aux donneurs d’ouvrage publics, de dire à l’industrie qu’à partir d’une date cible, tout projet public dont la valeur atteint un certain seuil devra se faire en utilisant le BIM. Cette prévisibilité du plus grand donneur d’ordres de la province permet aux organisations de s’adapter graduellement ». Signe que l’utilisation du BIM devient de plus en plus la norme sur le terrain, Joseph Faye soulève que de plus en plus d’affichage de postes de coordonnateurs BIM est constaté. Par ailleurs, « Clairement, l’initiative du gouvernement à travers son Offensive de transformation numérique, ça amène du bon. Les entrepreneurs peuvent bénéficier d’un accompagnement structurant, subventionné. De plus, l’arrivée de la nouvelle génération sur le marché du travail amène également cette facilité à travailler avec ces outils. […] Je pense qu’on part vers la bonne direction », ajoute-t-il.

Transition numérique : pas que le BIM

Bien que le Building information modeling soit sur toutes les lèvres, M. Faye convient de rappeler que cet outil n’est pas le seul pouvant être utilisé par les contracteurs. « La technologie n’est pas une fin, c’est un moyen pour atteindre un but. Pour que ça fonctionne bien, ça ne s’improvise pas. Il faut réfléchir sur ses enjeux, établir sa vision et intégrer le numérique ou la technologie dans un plan organisationnel qui se tient », Indique le directeur, rappelant que de bonnes pratiques et une utilisation stratégique d’outils, numériques, peuvent accroître la productivité d’une entreprise.

Vers la robotisation de l’industrie ?

Chose certaine, aux yeux du directeur du développement et de l’innovation, la transition est bien en marche dans le milieu, et on pourrait bien voir la robotisation ou l’automatisation de certaines tâches en chantier devenir monnaie courante au cours des prochaines décennies. « Pour nous, à l’ACQ, nous accordons une importance aux technologies d’avenir. C’est pour cette raison d’ailleurs que nous en présentons lors de nos congrès afin que nos membres voient que ce n’est pas un rêve, mais bien une réalité », conclut-il.

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