Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Construction, une industrie en mutation publié dans notre édition du mois de février.

SAGUENAY — Dans la région, comme partout ailleurs dans la province, les besoins de travailleurs sont grands sur les chantiers. C’est pourquoi le gouvernement du Québec a lancé des programmes d’Attestation d’études professionnelles (AEP) reliés aux domaines de la construction. Calqués sur le fonctionnement de la formation accélérée de préposé aux bénéficiaires, les AEP lancés un peu partout au Québec visent à offrir de la main-d’œuvre répondant aux critères de base de l’industrie.

Pour comprendre le fonctionnement et les subtilités entre un AEP et un DEP dans cette offensive, nous avons discuté avec le directeur du CFP Jonquière. Carl Lévesque explique que l’implantation s’est faite très rapidement. « En octobre-novembre, le ministère nous a informés d’une offensive dans la construction afin de mettre environ 4000 à 5000 personnes supplémentaires dans l’industrie. De notre côté, les programmes de charpenterie-menuiserie, de briquetage-maçonnerie ainsi que de réfrigération faisaient partie des formations pouvant être éligibles. Pour le briquetage et la réfrigération, nous avons des enjeux précis, donc nous avons levé seulement la main pour celui en charpenterie. Au terme d’analyses, le ministère nous a donné 44 places pour l’AEP », raconte-t-il.

Un cours accéléré et rémunéré

Évoluant dans une sphère réglementée par la Commission de la construction du Québec (CCQ), il existe quelques subtilités entre le programme régulier (1350 heures) et celui accéléré (705 heures). M. Lévesque convient que le cursus peut varier, cependant, il rappelle une notion importante : « l’an dernier, il y a eu 400 personnes qui sont entrées sur les chantiers par les bassins avec aucune expérience reconnue par la CCQ. Il y a une opportunité d’inculquer les bases à des personnes intéressées pour que ça ait un impact positif et que ça contribue par la même occasion à être toujours plus sécuritaire lors de travaux. À mon avis, l’industrie est mieux d’avoir des finissants avec 705 heures de formations que pas du tout », soutient-il, rappelant que les personnes suivant les cours en accéléré devront suivre de la formation continue obligatoire pendant une certaine période de temps au début de leur carrière.

Le DEP est éligible aux bourses de persévérance, remis à des étudiants lors de la diplomation ; l’AEP, quant à lui, bénéficie d’un généreux programme de bourses hebdomadaires non imposable de 725 $. En bout de piste, l’élève du programme accéléré n’a pas d’obligation de travailler en chantier à la fin de ses études. Selon le directeur, il s’agit d’un incitatif pour offrir une opportunité à des personnes en réorientation de carrière de faire le saut, sans avoir à se soucier du stress financier découlant d’un retour sur les bancs d’école.

Formation continue obligatoire

S’il y a une différence notable en nombre d’heures passées en classe, les finissants du programme d’AEP devront suivre de la formation pour étoffer leur savoir-faire. « La CCQ les oblige, via l’article 7, à aller chercher des modules obligatoires. Ils reviendront donc dans nos installations pour parfaire leurs connaissances et répondre aux exigences de l’industrie », met-il en relief. « De plus, lorsqu’un finissant du DEP entrera sur le marché du travail, la CCQ lui reconnaîtra 1,5 fois le nombre d’heures de sa formation de 1350 heures. Pour le programme rapide, on parle d’une reconnaissance simple des heures. Évidemment, un charpentier-menuisier du DEP obtiendra ses cartes de compagnon plus rapidement dans le temps versus celui qui n’a qu’un AEP », ajoute le directeur.

De l’intérêt

Le monde de la charpenterie-menuiserie semble en intéresser plusieurs. Le CFP Jonquière a reçu plus de 340 demandes pour les 44 places à combler. "Au lancement des cours, je suis allé rencontrer les deux groupes pour les féliciter, mais aussi pour leur rappeler très clairement qu’ils sont très privilégiés, parce qu’il y en a plus de 300 autres qui attendent pour prendre leurs places." Le matin de l’entrevue avec le dirigeant, les médias nationaux mentionnaient que certaines personnes suivaient le cursus rapide dans l’unique but de rénover leurs chalets. Aux dires de Carl Lévesque, sa cohorte semble faire bande à part : « Lorsque je les regarde et selon l’analyse des enseignants, nous sommes satisfaits. Il n’y en a pas trop qui sont venus perdre leur temps. »

Une occasion de moderniser des équipements

L’accueil de nouveaux groupes dans un centre de formations professionnelles marque l’arrivée de nouveaux enseignants et une augmentation du budget. Pour le pavillon situé sur le boulevard du Royaume, près de l’école secondaire des Bâtisseurs (ex-polyvalente de Jonquière), ce fut une occasion de renouveler certains équipements.

"Évidemment, une perceuse, ce n’est pas utile qu’à un seul groupe. Ça nous aura donc permis d’accélérer le renouvellement de certains outils pour toujours être à l’avant-garde. Notre priorité est d’offrir un milieu aussi fidèle que ce qu’ils trouveront sur le terrain, sinon plus. J’ajouterai aussi que le recrutement de quatre nouveaux enseignants sera aussi une opportunité de préparer les futurs départs à la retraite. On peut dire que cette opération aura apporté du positif à plusieurs égards. Autant à l’industrie pour ses besoins d’employés que pour les centres de formation », conclut-il.

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