Auteur

Roger Boivin

Depuis la dernière élection au Québec, la mise en place de la nécessaire transition énergétique prend de plus en plus la forme d'un désordre désolant.

Les départs coup sur coup de deux expertes en énergie d'Hydro-Québec (Mme Brochu et Mme Côté) et leur remplacement par deux néophytes qui ne connaissent à peu près rien à ce secteur (M. Sabia et Mme Brouillette), annonces répétées du super ministre de l'énergie, M Fitzgibbon, à l'effet que le Québec va rapidement manquer d'énergie (il faudra doubler la capacité de production d'Hydro-Québec, nous a-t-il prévenu) et, en même temps, maintien de très importants nouveaux contrats d'exportation d'électricité, annonce de la mise en place de la tarification dynamique de l'électricité , politisation du droit d'autorisation de tout nouveau projet industriel requérant plus de 5 MW d'électricité (du jamais vu depuis l'époque Duplessis),perte de l'usine de batteries de Volkswagen au profit de l'Ontario (en prétextant l'incapacité du Québec à construire une ligne électrique et à fournir 700 MW en contrepartie de 33 000 emplois !!!), révélation récente de M. Fitzgibbon qui avoue, maintenant, n'avoir aucune idée de la quantité d'énergie qu'il faudra pour réussir la transition énergétique du Québec, annonce que le gouvernement est dorénavant ouvert à la production d'énergie par le privé au lieu d'Hydro-Québec et , la meilleure, révélation que M. Sabia, le nouveau président d'Hydro-Québec, envisage la construction de centrales NUCLÉAIRES pour éviter de futures ruptures d'approvisionnement d'électricité au Québec !

Force est donc d'admettre qu'en un peu plus de 6 mois, l'arrivée d'un super ministre de l'économie et de l'énergie est très loin d'avoir amélioré les choses, bien au contraire...

Pendant ce temps, où est la région ?

Depuis 1980, avec un développement économique en perte de vitesse par rapport au reste du Québec, le Saguenay-Lac-St-Jean a malheureusement déjà perdu 23 500 habitants et nous allons en perdre un autre 15 500 dans les 20 prochaines années, soit une baisse de 39 000 habitants ou de près de 14 %… Pendant ce temps, le reste du Québec aura vu sa population s'accroitre de près de 45 %...

L'immense majorité de l'énergie renouvelable du Québec est produite dans nos régions, est-ce trop demander que d'avoir un mot à dire sur son utilisation rationnelle et transparente au service de notre développement collectif ?

Étrangement, nous n'avons aucunement participé, ni au débat public, ni à la commission parlementaire qui a étudié la mise en place de la nouvelle approche d'autorisation purement politique des projets industriels au Québec. Où est la voix de la région dans les consultations en cours sur l'avenir énergétique du Québec ?

Par exemple, nous pourrions obtenir la création d'un bloc d'énergie de développement pour le Saguenay-Lac-St-Jean en compensation des 600 MW (un estimé très conservateur) retournés par la région à Hydro-Québec depuis 2000, conséquence d'une interminable série de fermeture d'usines : papeteries, scieries, fromageries, la moitié de l'aluminerie Arvida, etc. ?

L'immense majorité de l'énergie renouvelable du Québec est produite dans nos régions, est-ce trop demander que d'avoir un mot à dire sur son utilisation rationnelle et transparente au service de notre développement collectif ?

Nous devons nous faire entendre maintenant !

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