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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le besoin de décider nous-mêmes pour le développement notre propre territoire est un message qui est fortement ressorti de la tournée de consultations tenue par la Conférence régionale des préfets (CRP) dans les quatre MRC et la Ville de Saguenay. Celle-ci visait à établir les prochaines priorités régionales dans le cadre de la révision de la Stratégie pour l’occupation et la vitalité des territoires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

Le directeur général de la CRP, Stéphane Lacasse, explique que le ministère effectue cet exercice dans toutes les régions du Québec. Il a mandaté la CRP pour tenir ces consultations au Saguenay — Lac-Saint-Jean. "Ils veulent un travail de co-construction pour s’assurer que les besoins du milieu municipal et des acteurs économiques soient entendus, mais aussi les réalités des ministères et organismes, d’où cette tournée."

Le gouvernement a fourni à la CRP un portrait diagnostic qui a permis de cibler une dizaine d’enjeux. "On peut penser à la main-d’œuvre, au vieillissement de la population, aux changements climatiques, etc. À partir de là, nous devons identifier cinq priorités pour la région", résume M. Lacasse.

L’organisme a décidé de réunir les acteurs socioéconomiques et municipaux afin qu’ils puissent établir ces priorités ensemble. Il n’est pour l’instant pas possible de connaître celles qui ont été choisies, puisqu’un rapport doit être remis à la ministre responsable de la région, Andrée Laforest. Celle-ci s’en inspirera pour sélectionner les priorités en concertation avec les préfets.

Des consensus

Plus de 200 personnes ont participé aux consultations. Les discussions suscitées dans chacun des territoires régionaux comprenaient plusieurs consensus, même si elles variaient en fonction des spécificités de chaque MRC. "Le plus grand message qu’on a reçu, c’est que c’est à nous de décider ce qu’on fait avec notre région. Ce n’est pas aux gens de l’extérieur de nous dire comment on doit gérer notre territoire. C’est ressorti beaucoup", indique le directeur général.

Les organisateurs ont aussi ressenti beaucoup d’inquiétude face aux changements climatiques, qui transcendent en quelque sorte tous les autres enjeux. "Ça vient teinter toutes les thématiques : les services de proximité, les personnes âgées, les îlots de chaleur, le transport, l’entrepreneuriat, l’agriculture. Comment on s’adapte à ça ?", souligne Stéphane Lacasse.

La main-d’œuvre et la formation, le taux de diplomation et la rétention des gens dans la région sont d’autres éléments qui sont ressortis. "Il y a quelques années, on entendait beaucoup parler de recrutement à l’étranger. Là, ce qu’on entend beaucoup, c’est que les personnes qui sont sur le territoire, qui viennent y étudier, y travailler ou qui vivent ici, comment on fait pour les garder ?"

Le milieu est également préoccupé par la tranche d’âge des 35 à 45 ans. Cette génération, alors jeune adulte, a quitté massivement la région au début des années 2000, exode comparé à une hémorragie. "Ça fait qu’il y a un vide dans cette tranche d’âge. Il faut les ramener ici. Il manque une pointe de tarte entre les personnes plus âgées et les jeunes. On a besoin de gens avec une certaine expérience, de gestionnaires et de coordonnateurs", mentionne M. Lacasse.

Plan d’action

La CRP a profité de la consultation pour demander aux participants quelles actions ils mettraient en place en lien avec les enjeux discutés. "C’est intéressant, parce que ça nous permet de voir comment on s’attaque aux priorités, quelles sont les pistes d’actions et quels sont les porteurs", souligne le directeur général.

Les préfets souhaitent ainsi tenir un sommet régional sur le sujet au début de l’automne. "Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous allons impliquer les gens dans le choix des actions et des porteurs. On doit décider quelle cible on veut atteindre. […] Je pense que c’est pertinent de se doter de quatre ou cinq actions phares et se donner un plan de travail, une feuille de route. Il faut aussi qu’il y ait un arrimage entre les besoins du milieu et les réalités des ministères. […] On veut s’assurer qu’il y ait un suivi", révèle-t-il.

Stéphane Lacasse vise le début de l’automne afin de bien préparer ce sommet régional. "Nous souhaitons vraiment que ce soit participatif. Nous désirons faire l’exercice avec les gens et pouvoir repartir avec notre plan d’action. Ça prend une unité régionale pour que nous puissions avoir tous ensemble un même objectif. Nous devons travailler tous dans le même sens", conclut-il.

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